Dans ce texte, Christian Araud, aborde un livre The limits to growth, publié en 1970 par le Club de Rome, dans lequel des économistes ont projeté l’état du monde si la croissance démographique et la production industrielle continuaient leur course. Leur conclusion : l’an 2100 risque d’amener l’humanité bien en deçà de 1900 ans. Trente ans plus tard les mêmes chercheurs ont réactualisé leur matrice : les résultats prévus en 1970 se sont confirmés bien au delà des prévisions.
Ce que nous disent ces scientifiques c’est que l’humanité joue sa survie.
Pour conclure, l’auteur nous remémore le mythe Cassandre, celle qui prédisait l’avenir, que les troyens n’ont pas voulu entendre, et qui ont vu la catastrophe se produire. Il présente aussi le récit de Jonas, issu de la bible, qui, commandé par Dieu a prédit, a été entendu par les Assyriens qui ont changé leur comportement et ont vu la catastrophe évitée.
Alors dans cinquante ans, Cassandre ou Jonas ?
(introduction de APEAS voir à la fin de l’article)
N° 4 - Décroissance & utopie
Rouvrir le dossier de l’utopie dans la revue d’étude théorique et politique de la décroissance était à la fois inévitable et risqué. Inévitable, tant le mot d’utopie est celui qui saute à l’esprit quand on parle de décroissance face à une opinion publique droguée par la croissance économique à tout prix. Risqué, car l’appréciation commune vis-à-vis de tout ce qui pourrait, de près ou de loin, s’apparenter aux « utopies assassines » du siècle précédent est une aversion plus que justifiée.
Peut-il y avoir de pensée libre sans risques ? L’utopie, il y a tant d’interprétations possibles de son sens et de sa fonction. Les auteurs des textes rassemblés ici ne cachent pas les ambigüités et les oppositions de conceptions que ce seul mot leur inspire.
Pour ceux qui l’assimilent au rêve et au projet social et politique d’émancipation humaine, l’utopie est un horizon qui s’éloigne quand on l’approche, mais qui sert à avancer, pour peu que l’on se garde des tentations totalitaires dont elle pourrait accoucher. Pour certains, ces attirances désastreuses sont inévitables et l’idée de décroissance doit abandonner l’horizon utopique pour investir le réel en acceptant les limites humaines, d’autant plus que ce tropisme ne serait pas partagé par toutes les sociétés et correspondrait à une occidentalisation du monde à l’œuvre depuis l’invention du monothéisme... Pour d’autres enfin, s’il est encore loisible de stimuler son imaginaire chez Thomas More, Rabelais, Fourier ou d’autres encore, l’impérieux défi de notre temps est ailleurs. Face à l’inimaginable pressenti dans ce qui s’annonce pour la planète et ses habitants, n’est-il pas de refuser, d’abord, toute fatalité, puis d’être attentif, sinon de participer, aux frémissements perceptibles d’un retournement possible de perspective théorique et politique dont l’imaginaire de la décroissance serait porteur désormais ? Refuser la vie mutilée, l’injustice grandissante et le désert qui croît, n’est pas une utopie.
Sommaire
Ambiguïtés de l’utopie
Filiations et refus
Thomas More, ou le pas de côté. Christophe Boureux
Du labyrinthe au paradis, ou la tentation utopiste.
Jean-Claude Besson-Girard
Le non-lieu de l’utopie. Michael Singleton
Pour en finir avec l’utopie. Jean-Paul Besset
Ambiguïtés de l’utopie bien tempérée
Un héritage paradoxal. Michel Dias
Pour un bon usage du monde utopique. François Brune
Walter Benjamin : la sommation utopique au présent. Marc Berdet
Le désir compossible. Angélique del Rey et Miguel Benasayag
La décroissance, une utopie sans danger ? Alexandre Genko
Rétrovisions, anticipations
Modéliser le monde, prévoir le futur. Christian Araud
Fourier, l’expérimentation sociale et la décroissance.
Chantal Guillaume
La démocratie, utopie de l’Occident ? Geneviève Decrop
Espoirs et limites de l’utopie au présent
Une utopie fraternelle au présent. Martine Auzou
Pour une relocalisation de l’utopie. Serge Latouche
De l’incontournable éco-socialisme du XXIème siècle.
Yannick-Hélène de la Fuente et Claude Llena
Cri d’avenir dans le désert croissant. Adrien Royo
Hors champ
André, mon maître. François Gollain
Débat
Commission Attali/Grenelle de l’environnement
Note de lecture